SURVI
Aujourd’hui est un jour marqué par un anniversaire…. Anniversaire, à ce mot je ne peux qu’avoir un rire nerveux. Comment peut-on décrire le jour de la mort d’un proche comme un anniversaire ?
Je me lève même si j’en ai aucune envie, mais mon père à besoin de moi pour une chasse… sans toi. Je passe la matinée à ruminer contre moi-même, comme d’habitude. Je n’ai pas pu te sauver de la mort elle-même et tout ce que je trouve à faire c’est me morfondre dans le silence, prendre une douche, déjeuner et chasser avec papa. Ah il est beau le Winchester ! Je ne suis qu’un pion dans cette bataille, car oui mon frère je ne pense pas que je vivrais assez longtemps pour voir la guerre elle-même. Alors pourquoi se battre contre l’inévitable ?
Papa est en vie mais pas toi alors que tu es la personne à qui je tenais le plus contrairement à notre père. Mais je lui ai pardonné d’être en vie… pour toi et seulement pour toi. Je crois te voir ou t’entendre mais à chaque fois je me réveille ou reprends ma place dans la réalité.
Aujourd’hui notre père est plus silencieux que d’habitude. Je ne demande pas ce qu’il a, je le sais très bien. Il s’en veut de ne pas t’avoir sauvé. Il s’en veut de n’avoir pas réagi quand je lui ai dit de se bouger et de t’aider à l’hôpital.
Je m’aperçois qu’un an après qu’il était lui-même blessé. Vous vous ressemblez beaucoup… je sais ce que tu dois penser à cet instant. Que je ne suis qu’un idiot qui devrait se bouger les fesses au lieu de se parler à lui-même et de vivre avec le passé. Mais c’est vrai tu lui ressembles à toujours sauver les autres et mettre ta vie de côté, de tout prendre sur tes épaules, de t’en vouloir pour tout.
Entendre « Sammy » me manque. Papa m’a appelé un jour comme ça. Ce n’était qu’une marque d’affection d’un père qui a peur pour son fils attaqué par un loup-garou gonflé aux stéroïdes… mais je n’ai pu m’empêcher de le frapper et de crier que personne n’avait le droit de m’appeler Sammy. Tu serais là, je me demande si tu serais fier d’être le seul à pouvoir m’appeler ainsi ou au contraire énervé que je m’en prenne à papa pour un rien… pour passer mon chagrin et ma colère.
Ne t’inquiète pas, à partir d’aujourd’hui je ne le quitte plus et j’essaye d’être comme un fils pour lui. Je ne le blâmerai plus.
J’ai vu Bobby hier, première fois depuis qu’on t’a enterré. Et oui mon frère je ne t’ai pas mis sur un bûcher, je ne pouvais pas. Peut-être un jour tu reviendras… Il va bien mais boit trop… comme papa. J’ai l’impression qu’on ne parle que de chasse… qu’on arrive plus à parler d’autre chose.
J’ai aussi vu Ellen et Joe, des connaissances de Bobby et de papa. Joe t’aurait plu, elle est petite, fort caractère, blonde et maigre. Un soir je me suis engueulé avec papa, comme d’habitude. Résultat, j’ai pris la Chevy et me suis retrouvé au Roadhouse, le bar que tient Ellen.
Elle m’a servi à boire sans rien dire, mais au bout de quelques verres elle ne me servit plus. Je commençai à m’énerver contre elle, quand Joe est venue et m’a emmené dans le fond de la salle pour parler. Elle m’a même fait un café, un peu hard par contre. Bref on a parlé et on en est arrivé à parler de son père. Il a été tué pendant une chasse. Elle m’en a pas dit plus, revenant sur ta mort, mais je pense qu’un jour peut-être elle osera m’en parler.
Pour elle toute cette colère et ce chagrin devaient sortir un jour ou l’autre mais pas contre les autres. C’est donc à ce moment-là qu’elle m’a tendu un cahier et m’a dit d’écrire tout ce qui me passait par la tête, tout ce que j’avais sur le cœur. Je te vois venir avec « mec, t’écris un journal intime », mais ça me fait du bien, j’en ai besoin.
La soirée s’est finie pour moi sur une table de billard à dormir avec un certain Ash. Je ne sais pas comment je suis arrivé là et encore moins avec l’ami des Harvelle sur un billard. Et non on était habillés, mec.
Bref papa est arrivé deux heures plus tard et bizarrement n’a rien dit à part pardon… je ne comprends toujours pas pourquoi. Quoi qu’il en soit aujourd’hui je me retrouve de nouveau avec papa, plus soudés qu’avant, même si on ne se parle pas vraiment comme père et fils mais plus en tant que chasseurs.
Je sais que dans une heure on sera devant ta tombe à fixer ton nom en espérant que ce soit une blague de mauvais goût ou un rêve. Mais non c’est bien réel et tu ne reviendras pas. Je viens pour la dernière fois te voir, ça fait trop de mal de venir et papa déteste venir ici. J’ai demandé à ce que tu sois près de maman, je sais combien tu l’aimais.
C’est ici que se termine mon journal, ici que je te fais mes adieux. Je te promets de me battre jusqu’au bout. Mais avant de partir je vais te confier un secret, même si je sais que tu ne liras jamais ce journal. J’ai essayé de faire un pacte pour toi, pour te ramener. Mais là encore je n’ai pas réussi à aller jusqu’au bout, ta voix dans ma tête me criant dessus de ne pas faire le con. Je sais par ce démon du carrefour que papa a essayé aussi, mais à ce moment-là il était trop tard, tu étais parti. Papa a alors abandonné l’idée, ne voulant en aucun cas ramener quelqu’un des morts. Te ramener alors que tu respires encore est une chose mais te ramener de sous terre en est une autre bien plus grave. Je l’ai compris à temps heureusement… ou malheureusement. C’est égoïste de ma part mais j’aurais tout donné pour n’avoir ne serait-ce qu’un jour avec mon grand frère.
Cette fois je te laisse Dean, repose en paix et ne t’inquiète pas pour moi, je ferai tout ce que tu m’as appris. Je regrette qu’on n’ait pas eu une vie normale, une vie où tu serais encore là avec ta petite famille. Je ferai tout ce que je peux pour que tu sois fier de moi et je protègerai papa pour toi.
Adieu Dean, embrasse maman pour moi, je sais que tu es là-haut avec elle à veiller sur nous.
Dernière édition par survi speedy gimli le Mer 8 Juil 2009 - 11:55, édité 1 fois