Deuxième sujet : Et si Joe était morte, reaction de dean

Jo attendait au milieu de la pièce quand l’esprit apparut près d’elle. Lorsqu’il fut assez prêt, Dean lui cria de se coucher puis tira avec l’aide de Sam sur deux sacs plein de sel qui formèrent un cercle. Jo se précipita en dehors du cercle de sel près des frères et ils sortirent tous trois, laissant H.H.Holmes crier de toutes ses forces.
Jo était devant. Au bout d’un moment Dean et Sam ne la virent plus et l’entendirent crier. Ils se précipitèrent vers elle et virent un esprit vêtu de la même façon que le serial killer. Dean voyant Jo à terre les yeux grands ouverts resta planté là. Heureusement Sam réagit et tira sur l’esprit.
Sam cria à Dean de prendre le corps de Jo et de sortir jusqu'à l’échelle qui conduit à l’extérieur. Sam le suivit tout en mettant du sel en bas de l’échelle. Sam passa le premier et aida Dean à monter qui portait Jo sur l’épaule.
Arrivé en haut, Dean déposa Jo à terre.

- Il lui a brisé la nuque ce sal…
- Dean, je sais que tu tiens énormément à elle et moi aussi, mais on doit vite faire ce qu’on a prévu sinon il va s’en sortir ! On ne peut plus rien faire pour elle alors vas-y et dépêche-toi !

Dean ne se retourna pas vers son frère et partit chercher ce dont il avait besoin pour finir la chasse. Sam ne pensait pas que Dean allait réagir aussi vite. Il s’en voulait du ton dur mais lui-même ne pouvait pas faire cette tâche.
Cinq minutes plus tard, Dean arriva aux commandes d’une bétonneuse. Après l’avoir bien placé au-dessus de l’entrée des égouts, il descendit et mit en marche la machine qui remplit l’entrée de béton. Ceci fini, il laissa la bétonnière et prit Jo pour l’emmener jusqu’à la voiture. Sam le suivit sans un mot sachant que ça n’arrangerait rien de lui parler dans cet état.

En voiture, Sam était à l’arrière et soutenait le corps de Jo recouvert par une couverture. Quelques minutes auparavant ils avaient croisé Ellen qui était désormais devant à côté de Dean. L’atmosphère dans la voiture resta silencieuse tout au long du voyage.
Arrivés au Roadhouse, Sam aida Ellen à sortir Jo pour la mettre à l’intérieur. A peine l’avait-il sorti que Dean démarra en trombe l’Impala et partit, les laissant seuls derrière lui.

- Dean !!! Qu’est-ce que tu fous ??
- Laisse-le partir Sam… ça vaut mieux pour lui ou je l’aurais massacré. Tu peux l’attendre là mais je ne veux pas t’entendre. C’est aussi de ta faute si elle est morte !
- Ellen… je… je suis désolé. Nous ne savions pas pour son complice…
- Aide-moi à la porter et tais-toi ou je t’assomme.

Deux jours étaient passés et Dean n’était toujours pas revenu. Sam était au comptoir en train d’aider Ellen a nettoyer les verres. Il avait réussi à avoir le pardon d’Ellen mais elle ne lui parlait pas beaucoup pour autant. Ils avaient enterré Jo le soir même. Sam réconfortait Ellen comme il le pouvait, mais lui-même n’arrivait pas vraiment à garder le moral.
En fin de matinée, Dean fit son apparition dans la taverne, habillé comme y’a deux jours avec une barbe naissante et l’air vidé. Le voyant dans cet état Sam voulut le prendre dans ses bras mais croisant le regard d’Ellen il comprit qu’elle voulait rester seul avec lui. Il sortit de la taverne non sans avoir au passage posé sa main sur l’épaule de Dean pour lui donner un peu de réconfort.

- Tu devrais t’asseoir, tu ressembles à un zombie. On dirait que tu n’as pas mangé ni même dormi ! Je ne veux pas devoir te ramasser par terre !

- Ecoute Ellen, je suis désolé d’être parti comme ça… je ne sais pas ce qui m’a pris ! Répondit Dean tout en s’asseyant devant le comptoir.

- Moi je sais. Tu as voulu fuir ta responsabilité, tu t’es senti coupable de sa mort et tu ne voulais pas rester plus longtemps, tu voulais être seul.

- Et je suis coupable. J’aurais dû prévoir qu’il avait un complice, ou passer devant Jo… elle ne serait pas morte…

- Mais toi oui ! Tu ne pouvais pas prévoir, j’ai mis deux jours à le comprendre ! Je t’en veux toujours, ça c’est sur et ça ne changera jamais, mais j’ai appris une chose avec la mort de mon mari c’est qu’il n’y a que celui qui tue qui est le vrai coupable ! Les autres sont responsables et on fait une erreur mais ça ne fait pas d’eux des meurtriers !

- MAIS J’EN SUIS UN !!!!!! D’abord papa qui se sacrifie pour moi alors que je ne sers à rien à part causer des problèmes et maintenant Jo car je croyais être le plus fort et avoir coincé ce minable d’esprit serial killer !

- Tu n’es pas un meurtrier, je t’interdis de dire ça !

- J’ai causé la mort de ta fille !

- Oui, je t’en veux, mais tu ne pouvais rien y faire ! J’ai l’impression de me répéter ! T’es borné et tu culpabilises pour tout comme ton frère et ton père ! Arrêtez de mettre toutes les peines du monde sur votre dos ! Tout n’est pas de votre faute ! Jo est morte car un esprit a été assez malin pour être discret. Quant à ton père c’est une preuve d’amour qu’il t’a faite ! Il a voulu te prouver combien il t’aimait et était fier de toi ! Autant pour ton frère, car s’il ne t’avait pas sauvé, Sam ne l’aurait pas supporté, même avec ton père à ses côtés ! Je les aurais sûrement retrouvés au bar chaque soir en train de picoler, et tu sais combien ils ne tiennent pas l’alcool ces deux là !

- Tu ne peux pas m’empêcher de m’en vouloir comme je ne peux t’empêcher de m’en foutre une pour avoir laissé ta fille nous suivre !

Ellen ne répondit pas et le fixa d’un air triste mais en même temps en colère. Elle le vit alors baisser la tête sur le comptoir, oubliant sa colère envers lui, elle sortit de derrière le comptoir et le prit dans ses bras comme une mère le ferait avec son fils. Quand elle les voyait, elle ne pouvait leur en vouloir. Ils avaient vécu plus de choses horribles qu’elle, notamment la perte de leur mère et cela l’avait toujours calmé pour laisser place à ce côté maternel qui leur manquait.
Dean ne comprenait pas la réaction d’Ellen mais ne tenant plus lâcha ses larmes sur les épaules d’Ellen. Ce moment presque maternel lui faisait du bien et il s’étonna lui-même de ne pas vouloir que ça se finisse.

Ellen le lâcha au bout d’un moment et partit en direction de la cuisine pour revenir avec une assiette bien remplie. Elle lui ordonna de manger et se remit derrière le comptoir à ses occupations, tout en le surveillant.
Sam avait tout entendu et vu par la fenêtre. Jamais il n’avait vu Dean dans cet état, il voulait rentrer et le réconforter mais rejeta l’idée. « Pas d’attendrissement » aurait dit Dean. A cette pensée, Sam sourit et s’essuya les yeux mouillés par les larmes avant de rentrer. Il s’assit à côté de Dean et piqua une frite dans son assiette.

- Hé !!! Ben te gêne pas, sers toi !
- Ok banane, répondit Sam en se servant une deuxième fois.
- Dugland !

Les deux frères se regardèrent et continuèrent de se partager l’assiette. Cette marque d’affection façon Winchester suffisait à Dean pour comprendre que Sam serait toujours là.
Ellen les regarda un sourire en coin et se remit à son travail.

Fin

Autodestruction

Il s’était promis de ne plus jamais perdre un être cher mais il savait qu’avec ce job, cette promesse était très difficile à tenir. La mort de John avait été dur à surmonter… ça l’avait pratiquement détruit et heureusement que Sam avait été à ses côtés. Même s’il lui avait fait vivre un enfer, il l’avait aidé à vider son sac et peu importait si ça n’avait rien changé, il s’était senti débarrasser d’un poids.
Seulement cette fois-ci, ça ne serait pas pareil et ce, malgré la détermination de son frère.

Cette chasse avait viré au cauchemar puisqu’il était arrivé trop tard et Jo en avait payé le prix fort. Par sa faute, elle avait succombé à ce putain d’esprit d’H.H.Holmes. Après avoir ramené le corps de la chasseuse alors que Sam aidait la dernière survivante, Dean était retourné dans le repère de l’esprit et l’y avait enfermé pour l’éternité.
Une fois qu’il avait fini ça et que Sam ait raccompagné la jeune fille, encore sous le choc, l’aîné avait placé le corps de Jo dans un drap et l’avait déposé sur la banquette arrière.

Le chemin jusqu’au Roadhouse s’était déroulé dans un lourd silence. Arrivés devant le bar, Ellen s’était précipitée vers eux, le visage inondé de larmes. Là, elle avait pris le corps de sa fille et sans regard aux Winchester, disparut derrière la porte du bar.
Le reste de la journée s’était déroulée dans une atmosphère pesante : Ellen n’était même pas sortie de la chambre, pleurant sur le corps de sa fille, Ash avait fermé le bar quelques temps et Dean vidait la plupart des bouteilles grand dame de Sam qui ne savait plus quoi faire pour l’aider. Lui aussi était dévasté par la mort de Jo mais il savait que se détruire comme le faisait son frère n’allait pas l’aider, encore moins la ramener.
Alors les jours suivants, Sam avait aidé Ellen à tout préparer et étonnamment, elle avait accepté sa proposition, lui avouant d’une voix déchirée qu’ils n’y étaient pour rien dans tout ça. Hélas pour le cadet, ces mêmes jours ont été ceux où il a vu de ses propres yeux son frère s’enfoncer davantage dans l’alcool. Ellen lui avait conseillé de le laisser et malgré le déchirement qui le prenait, Sam avait décidé de ne rien faire.

Le jour des funérailles et à l’étonnement de tous, Dean était de nouveau sobre. L’aîné avait refusé d’assister à la cérémonie complètement saoul, par respect pour Jo.
Dean ne jeta aucun regard à son frère, qui se trouvait derrière lui et scrutait avec intensité le bûcher qui s’enflammait de plus belle. Le jeune homme se rappela que Sam lui avait expliqué qu’Ellen désirait que les funérailles se déroulent dans les pratiques des chasseurs. Dean trouvait ce choix justifié… Jo était morte en chasseur, c’était le moins qu’on puisait faire pour honorer sa mémoire.
Sentant le vent se lever, emportant doucement les cendres de Jo avec lui, Dean retourna à l’intérieur du Roadhouse, ne prêtant aucunement attention aux appels de son frère. Là, le jeune homme attrapa une bouteille de whisky mais à peine venait-il de la déboucher, il se la fit arracher des mains.


- Sam, rend-moi ça !

- Non, Dean. J’étais patient mais là tu peux plus continuer comme ça.

- Sam !!

- Crois-moi, fit le cadet en montrant la bouteille, ça ne fera que de te détruire. Je sais que c’est dur…

- Non, Sam, tu sais rien ! Tu sais absolument rien de ce que je peux ressentir ! s’emporta violement l’aîné.


Sam aurait préféré se recevoir une balle en plein cœur, ça aurait été moins douloureux.
Dean comprit ce qu’il venait de faire, en voyant le visage de son frère se décomposer devenant blême. Il n’eut pas le temps de se rattraper que Sam attrapa un dossier qui traînait sur le comptoir et s’éclipsa aussitôt.
Dean se passa une main lasse sur le visage puis après avoir croisé le regard attristé d’Ellen, reprit sa bouteille et partit dans le fond de la pièce.
Non mais quel con, il faisait erreur sur erreur : Jo était morte par sa faute et il venait de blesser Sam !
Il se dégoutait de lui-même et il ne méritait pas tant d’attention.

Les jours suivants se ressemblèrent de plus en plus. Dean buvait la journée malgré le désaccord d’Ellen cependant il ne lui laissait pas le choix. La nuit aussi il vidait des bouteilles dans le canapé de la chambre que lui avait filé Ellen où il lui arrivait parfois de dormir. Mais dans les deux cas, il était toujours saoul.
Concernant son frère, Dean le voyait un jour ou deux entre deux chasses avant qu’il ne reparte sur une autre.
Depuis les funérailles où il lui avait balancé ces horreurs, Sam ne lui avait presque plus adressé la parole. Dean savait que son frère n’avait pas encore encaissé ses mots. Il le voyait discuter et même sourire avec Ellen ou Ash mais quand ses yeux se posaient sur lui, leur éclat perdait toute vie.

Il s’était affalé dans son canapé, les paupières fermées, écoutant tous les bruits qu’il percevait. Pour la première fois depuis quelques semaines, il était sobre. Il n’avait plus pris une goutte d’alcool lorsque Sam était de nouveau parti.
Il avait pris une décision, il pouvait plus continuer comme ça à se lamenter sur son sort alors que son frère continuait de risquer sa vie.
Dean se releva d’un bond lorsqu’il entendit un cri qu’il reconnaitrait parmi mille. Arrivant dans la pièce principale, Ellen s’afférait près du comptoir, préparant alcool, compresses, bandes alors qu’Ash aidait Sam à s’assoir sur un tabouret. Le cadet se tenait la cuisse droite où un morceau de bois était planté dedans.


- Qu’est-ce qui s’est passé, Sammy ? s’exclama Dean, qui se précipita vers son frère.

- Rien, juste le quotidien. Ellen, t’es prête ?

- Oui…

- Non, c’est moi qui vais le faire, coupa l’aîné.

- T’es encore bourré !

- C’est fini ça.

- En quel honneur ? s’étonna le cadet qui n’avait vu qu’un frère saoul 24h/24.

- Pour toi, répondit-il simplement sous les yeux stupéfaits de son frère.


Ellen et Ash se saisirent de l’occasion pour s’éclipser de la pièce sous le regard gratifiant de l’aîné.


- Bon, t’es prêt ? demanda Dean, ramenant son frère à la réalité.

- Ouais.


Ses mains entourèrent le morceau et d’un geste vif, le retira de la cuisse de son frère qui poussa quelques grognements.
Dean s’activa alors à découper le jean de Sam, lui nettoya sa blessure et la banda fermement.


- Ecoute, Dean…

- J’suis désolé, Sammy !

- De quoi ?

- Tu le sais très bien.

- C’est rien, oublie…

- Non, j’oublie pas car si j’allais mal tu l’étais aussi. J’aurai jamais dû te dire ça, continua-t-il en levant sa main pour faire signe à son frère de se taire. Parce que tu sais autant que moi ce que ça fait de perdre quelqu’un.

- Dean…

- Et j’me dis avec le recul que Jo n’aurait pas voulu que je me morfonde et puis…

- Et puis quoi ? s’interrogea le cadet voyant son frère baisser la tête avant de la relever et de plonger ses yeux humides dans les siens.

- Et puis, j’ai pas envie de te perdre aussi !


Sam ne répondit rien, touché par ces mots car enfin il retrouvait son frère. Le jeune homme se mit debout, prenant appui sur le comptoir et avant que Dean ne proteste, Sam prit son frère dans ses bras, le serrant le plus possible. Et à son grand étonnement, Dean répondit à cette étreinte.
Malgré tout ce qu’ils venaient de traverser, ils étaient de nouveau réunis, leur lien plus soudé que jamais.

Pourquoi elle ?

Je me demande pourquoi elle est partie…pourquoi je n’ai pas su la protéger…Sam ne cesse de me répéter que c’était pas ma faute, qu’elle voulait servir d’appât et que nous pouvions rien faire pour l’en dissuader, elle était trop têtue pour ça. Mais il n’empêche que j’aurai dû la sauver, j’aurais pu la sauver mais je n’ai pas réussi…j’ai lamentablement échoué…et maintenant Jo est morte, je n’y peux plus rien…



Tout s’est passé très vite, trop vite malheureusement…Jo avait été enlevée, comme d’autres jeunes femmes blondes, par ce satané esprit d’Holmes. On a réussi à la retrouver à temps mais elle a insisté pour servir d’appât, on savait bien nous comme elle qu’Holmes serait difficile à coincer sinon. C’est là que ça s’est produit. Jo s’était assise au centre de la pièce et on attendait Sam et moi cachés derrière, prêts à sortir mais Holmes a été plus malin qu’on a cru et il a fermé la porte devant nous. Quelques secondes après, on a seulement entendu le cri de Jo. Il a été court mais a suffi à nous faire comprendre à moi et Sam que c’était fini. On n’a pas pu échanger de regard dans l’obscurité opaque mais nos frissons ont été communs…

Il nous a fallu plusieurs minutes pour défoncer la porte et pourtant, on y allait de toutes nos forces, priant pour qu’on se soit trompé et que Jo soit seulement blessée ou évanouie…On criait et on l’appelait mais seul le silence nous répondait…Quand on a défoncé enfin la porte, Holmes était bien sûr parti et Jo était allongée sur le sol, comme endormie, la nuque brisée… Ses yeux étaient fermés mais une dernière larme coula le long de sa joue quand je la pris dans mes bras. J’avais l’impression que tout était chamboulé autour de moi. J’avais du mal à entendre ce que Sam me disait mais je voulais pas non plus l’entendre, seulement essayer de calmer la douleur dans ma poitrine…Jo était morte et plus rien d’autre ne comptait. C’était comme si on rejouait la mort de Papa sauf que là, c’était Jo mais c’était encore de ma faute…pas celle de Sam ni de Holmes non la mienne, seulement la mienne…



Pourquoi faut-il que les gens que j’aime le plus au monde meurent tous à cause de moi ? Mais plus personne ne mourra, non plus personne, je le jure devant Dieu, pas tant que je serai en vie…ni Bobby, ni Ellen, ni Ash et surtout ni Sam. Je préfère mourir que de revivre ça.

Le lendemain à la première heure, Ellen arrivait, la froideur, la douleur et la pâleur semblant s’être installées définitivement sur son visage. Elle ne nous a pas dit un mot mais on lui a résumé ce qui s’était passé en deux ou trois phrases. Elle est restée près du corps de Jo, anéantie, comme si plus rien ne comptait pour elle, l’amour de sa vie étant partie sans elle. Sam et moi on a réussi à coincer Holmes quelques heures plus tard et à l’enterrer vivant, si on peut dire, à son tour dans son trou.



J’appréhendais revenir au motel. Notre vengeance était finie et seuls le deuil et les reproches nous attendaient. Finalement, j’ai laissé Sam rentrer seul. C’est sûrement égoïste mais je peux pas affronter le regard d’Ellen, non, je peux pas…surtout pas en plus après les quelques mots qu’elle a formulé avant qu’on aille chasser Holmes, comme si son ressentiment lui faisait espérer que l’un de nous y resterait aussi pour que l’autre comprenne sa souffrance. Elle a dit que c’était typique des Winchesters de faire d’un appât un Harvelle. Selon elle, le père de Jo, Bill, avait chassé exceptionnellement avec Papa et avait insisté pour servir d’appât mais Papa avait échoué et Bill était mort. Décidément, c’est une malédiction…Je comprends qu’Ellen nous en veuille autant, notre famille lui a enlevé les deux êtres qu’elle aimait le plus au monde et qui faisaient toute sa vie.



C’est idiot mais je peux pas réaliser que Jo est morte…que je ne reverrai plus son sourire, ses moqueries, son assurance, sa beauté si particulière et si séduisante. Dès notre première rencontre, je pensais finir au lit avec elle et elle aussi, je pense mais quand j’ai appris à mieux la connaître et aussi à entrevoir la menace silencieuse d’Ellen, je l’ai considérée davantage comme la p’tite sœur que j’aie jamais eue. Elle a été déçue que j’ai cette attitude, je crois mais a fini par se résigner.

Elle était si parfaite. Si drôle. Si pleine de vie. Jamais je n’aurai cru que ça se finirait comme ça, sinon…sinon, je pense que j’aurai agi différemment…Je réalise maintenant que je la voyais pas du tout comme une jeune sœur potentielle mais bien comme une âme sœur, une fille qui me ressemblait tellement que j’aurai passé ma vie à ses côtés, à l’aimer, la chérir, la combler de bonheur et à se soigner mutuellement de nos blessures de chasses. Ca aurait été ça le bonheur. Aimer une fille de tout son cœur et partager sa vie professionnelle avec elle, en symbiose…



Je me suis arrêté sur une route, le cœur battant à cent à l’heure, comme si j’avais couru pendant des centaines de kilomètres à toute allure. J’avais pas pris la peine de prendre la Chévy, valait mieux la laisser à Sam…Assis sur une borne kilométrique, quelques larmes parviennent à s’échapper mais je les retiens pas, ça fait un peu de bien…

La culpabilité continue de me ronger. Je n’ai aucune excuse, je le sais…un jour, j’en paierai le prix…Maman, Papa, Jo…on me fera un jour regretter le jour de ma naissance…Je sais que seuls les démons et les esprits sont responsables mais au fond, le problème vient de moi…s’il n’y avait pas Sam là-bas, à quelques kilomètres, j’aurai envie de me suicider ou de faire un truc totalement stupide mais il est là et me retient sans le savoir…Mon portable vibre dans ma poche. C’est sûrement Sam mais tant pis, il comprend sûrement que j’ai besoin d’être seul, il s’inquiète seulement…

J’ai l’impression d’entendre au loin cette musique bien-aimée de “Can’t fight this feeling” de REO. Ah oui, pourquoi je l’ai pas écouté ce pu**** de sentiment quand il me criait de me bouger les fesses ! Jo serait sûrement pas allée sur cette affaire et serait pas morte…

Bon sang, je suis maudit ou quoi ?

Maintenant, à chaque fois que j’entendrai cette chanson, je penserai à elle comme si son éternel sourire s’était figé dans ma mémoire, à la fois aimant, moqueur et accusateur.

Mon retour au motel se fait au ralenti mais je dois affronter Ellen et son ressentiment envers moi, je le dois pour elle…je le dois pour Jo.

La mort c’est la fin d’une vie, d’une personne.
La mort nous prend un ami, de la famille.
Elle nous enlève des êtres chers…
Et avec elle, elle emporte une partie de nous.
Peu importe notre âge, la perte de quelqu’un de proche fait mal.
On y passe tous un jour.
Ça fait mal, on n’a pas forcément envie de se relever mais il le faut.
La vie continue…

Mais que se passe-t-il quand la mort est provoquée par nous ?
Pouvons-nous, nous relever ? Vivre comme si de rien n’était ?
Je vais vous répondre…

Oui, on le peut…
On n’oublie jamais ce qu’il s’est passé mais on fait avec…
On fait taire la douleur, le remord mais ses images restent à jamais gravées dans nos mémoires.
Il nous hante encore et encore… jours après jours.



J’ai perdu ma mère à l’âge de 4 ans, j’ai perdu mon père à 27 ans et aujourd’hui… aujourd’hui je dois encore perdre une personne. Je reste à fixer son corps, elle s’appelait Jo, fille de William Anthony et d’Ellen Harvelle. Je n’arrive pas à croire qu’elle soit décédée, tout a été si vite. Je ne voulais pas d’elle sur cette chasse, sa mère ne voulait pas qu’elle y aille mais c’était une vraie tête de mule. Une fois que j’étais sur place, elle y était, elle aussi. Merde, j’ai menti à sa mère, et au final… au final, elle est morte ! J’ai du mal à le croire, je n’arrive pas à croire que ça c’est réellement passé pourtant… pourtant, ce corps inerte en est la preuve…

Elle s’est fait enlever par cet esprit, Sam et moi ont la retrouvés mais… j’ai eu l’idée de m’en servir comme appât ! Grave erreur. Mon cœur se resserre, je retiens mes larmes alors que mon regard reste viré sur son corps meurtrie. Comment j’ai pu laisser faire ça ? Comment j’ai pu la laisser sur cette chasse ? Je connaissais les dangers, je sais que ce métier n’est pas une partie de plaisir alors pourquoi, oui… pourquoi je ne l’ai pas renvoyée auprès de sa mère ?

On était là… on était présent mais… ça nous a échappé, H.H.Holmes est arrivé trop vite et il l’a tué, il lui a brisé la nuque avant qu’on ait le temps de faire quoi que se soit !

Je revois encore ses images, je me revois foncer et tirer sur cette enflure avant de prendre le corps de Jo et de sortir de là ! Il était bloqué, elle avait réussi mais je n’avais pas assuré, Sam non plus ! Elle, elle ne bougeait plus, je la tenais avec force de peur de la perdre mais… mais elle ne bougeait plus. Je ne l’entendais pas respirer… elle était déjà morte. Je ne voulais pas le croire pourtant… pourtant… on a… on a provoqué la mort de Jo. Elle est morte par ma faute.
Je sers la mâchoire, je ne sais pas combien de temps il s’est écoulé depuis, mais je n’ai pas bougé, restant auprès de la jeune femme. Je ne veux pas la laisser seule, non… je ne peux pas, elle ne méritait pas ça, elle avait la vie devant-elle, un avenir. Je m’en veux tellement….

Je sais que Sam me surveille un peu plus loin, je ne sais pas dans quel état il est, à vrai dire, j’ai l’impression d’être dans une bulle n’arrivant pas à décrocher les yeux de ce corps.
En arrivant ici, en la déposant sur le divan… je suis resté un instant interdit, à la fixer avec horreur… ses yeux étaient restés grand ouverts. Il n’y avait plus de vie, seulement ce regard… j’ai pris sur moi et je lui ai fermé avant de m’asseoir et de ne pas la quitter des yeux.

C’est la première fois que quelqu’un se fait tuer par ma faute, enfin, j’assurais ses arrières, elle avait confiance en moi et voilà ce que j’en fais ? J’avale difficilement, je me hais, je m’en veux…

J’entends à peine qu’on frappe à la porte, je ne vois même pas Sam se lever, mon regard reste bloqué sur Jo… je n’arrive même pas à pleurer, je n’ai pas de larme, je n’ai rien à par cette haine envers moi mais soudain, j’entends une voix. Voix qui m’est familière, depuis la première fois depuis… depuis le meurtre, je lève la tête et je vois Ellen. Elle est en pleure, elle se jette sur Jo, la prenant dans ses bras tout en la berçant.

Je reste à la fixer sans pouvoir dire un mot ! Elle m’avait demandée de ne pas prendre Jo, de lui dire si elle était là ! Je lui avais menti, je… Je… j’ai tué sa fille ! Elle ne mérite pas ça, pas après avoir perdu son mari, pas après avoir vécu toutes ses épreuves. Une larme coule sur ma joue, je sens la main de mon frère se poser sur mon épaule mais je ne bouge pas.

Après de très longues minutes qui me déchirent de toutes parts, Ellen lâche sa fille et se tourne vers moi, son regard se plonge dans le mien. Je peux y lire de la haine, de la colère, de la peine. Elle me foudroie sur place et soudain, elle me colle une gifle monumentale. Je ne bronche pas, ramenant simplement mon visage à sa hauteur, replongeant mon regard triste et brisé dans le sien…

_ Tu as tué ma p’tite fille…

Sa voix est brisée, elle pleure encore, et moi… moi je déglutis difficilement, j’ai mal et ce qu’elle me lance se sont mes pensées… alors je ne réponds rien, et elle me gifle une nouvelle fois…

_ Pourquoi… pourquoi ? Pleure-t-elle avant de me frapper de colère…

Je la laisse faire sans me défendre laissant mes larmes couler à leur tour… puis après quelques minutes, Ellen se calme gémissant de douleur, je la prends dans mes bras lui soufflant d’une voix cassée…

_ Je suis…. Désolé.

Oh oui je l’étais, mais rien non rien ne peut changer ce qui est arrivé, rien ne pourra ramener Jo, rien. Je l’ai mise dans cette situation et je devrais vivre à jamais avec sa morte sur ma conscience.


Depuis ce jour,
Ellen, ne m’a plus jamais regardé de la même façon.
J’étais celui qui a tué sa fille.
Moi-même, je n’ose plus la regarder dans les yeux, comment le pourrais-je ?
Je suis l’assassin de Jo, je vis avec ça.
Je ne me le suis jamais pardonné, Sam a beau me dire que j’ai fait tout mon possible.
Moi, je ne suis pas d’accord.

Je continu à chasser, à veiller sur Sammy.
Je fais comme si de rien…
Mais depuis la mort de Jo.
Une partie en moi ses brisées,
Et jamais, non jamais je ne la retrouverais.